top of page

Le dimanche 6 août 2023, 14 h 

La photographie de combats et reportage : de la fulgurance à la résilience

Biographie de Marc Bergeron

DE LA FULGURANCE À LA RÉSILIENCE

C'est dans un esprit résolument libre que je tente par la photo de m'ouvrir toujours davantage aux mondes fulgurants qui nous entourent. Aucune immersion dans les zoos, aucun groupe de photo ne ponctuent mon parcours: je m'introduis dans les divers environnements pour capter cette beauté toujours fuyante, mais toujours prête à être débusquée. Et toujours dans un but non lucratif.

Ma passion commence en 1975, à l'âge de 14 ans, par une expérience de photographe culturel et sportif à la Polyvalente d'Alma, expérience qui m’a donné envie de faire des études collégiales à Matane en photographie. La vie m’a conduit vers des chemins inattendus: la photo est devenue, en plus d'une passion, une zone de combat. Pour exprimer, pour rendre compte, pour faire connaître, et aussi contre l'absurdité, contre la cruauté, contre l'ignorance.

En effet, en 1984, je deviens photographe au sein des Forces armées canadiennes. Même si je n’avais pas le rang requis pour le devenir, car j’étais simple soldat, on m’a nommé photographe officiel. Envoyé à Bruxelles pour les forces navales de l'Atlantique, 13 mois en mer, pour ensuite participer à un livre commémoratif pour l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Retour à Halifax comme photographe sur une base navale pendant 8 ans, puis transféré à Ottawa au "quartier général des photographes", comme on le nommait alors. Je deviens alors photographe-caméraman pour la guerre du Golfe en 1990-1991. C'est là que la photographie de combat devient véritablement mon premier rôle: je fais partie des photographes de ce qu'on appelait alors "MOPIC" (Motion Picture).

Cette expérience signe ce qu'on pourrait appeler "le temps de la rupture": un diagnostic d'état de stress post-traumatique après la guerre du Golfe. Ce qui ne m’empêche pas par la suite de côtoyer de près l'aberrante cruauté humaine. Envoyé en Bosnie pour une période de 6 mois, au sein d'une guerre ethnique opposant Serbes, musulmans et Croates, en tant que soldat de la paix (peacekeeper), je suis fait prisonnier de guerre. Pendant 18 jours, parmi 48 prisonniers, 21 enfermés dans une même cellule. Fréquenter de très près la terreur répandue par l'homme ne se termine pas après ma libération: je suis pris en otage à l'aéroport de Sarajevo pendant 3 jours, avec une vingtaine d'autres personnes, au cours d'un transfert de civiles et civils de différentes ethnies. Pourtant, quelques années plus tard, après la signature des accords de Dayton, je retourne en Bosnie dans l'enclave de Bihac, pour démontrer visuellement les progrès des accords en question.

Mon retour au Canada me permet de sillonner le pays pour montrer le travail des forces armées. Je suis ensuite envoyé à Bagotville où je deviens superviseur à la section de l'imagerie. C'est une période de haut vol: une quarantaine d'heures passées en F-18 à titre de photographe, qui finissent par faire place à la guerre du Kosovo. Je suis alors envoyé en Italie sur la base d'Aviano où se lance une frappe aérienne contre le Kosovo.

La photo comme combat se poursuit, doublée du film, toujours comme tremplin pour mieux dire, mieux montrer. Mais du haut des airs comme tapi à ras de terre, je reste dominé par la rupture: mon état de stress post-traumatique ne s'est jamais amélioré. Et parce j’empirais, après un peu plus de 18 ans de services, je suis remercié.

Je choisis alors, sûrement pour trouver un sens autre à la vie, de faire un diplôme d'études collégiales (DEC) en soins infirmiers, un peu intensément: 19 mois d'études au lieu des 36 prévus. Je me suis rendu jusqu'à l'étape de candidat à l'exercice de la profession infirmière (CEPI), mais le coeur demeurant tourné vers la photo, j’ai abandonné.

La photo a marqué en moi mes zones de combat destructrices. Mais la photo a ouvert en moi des chemins vers la beauté et la vérité multiples, une sensibilité à fleur de peau, de coeur et d'oeil pour toujours démasquer beauté et vérité derrière les apparats de la mort. La photo, à la fois cause et remède; la photo comme lieu de rupture et de résilience.

Aujourd'hui, c'est toujours avec un esprit libre et ma fidèle compagne de vie que je parcours le monde en quête de cette beauté qui ne fait jamais défaut. Par la photo, c'est aussi ma fierté de la ville de Québec que je veux mettre en valeur: j’étais l'un des photographes officiels et bénévole pour divers événements, dont le Transat Québec-Saint-Malo 2016, le Festival d'été de Québec (éditions 2017 et 2018), le Carrefour international de théâtre de Québec 2018. Mes photos ont été publiées dans plusieurs magazines et journaux internationaux, surtout pour Reuters et Associated Press. J’ai aussi offert près d'une dizaine de conférences au Saguenay-Lac-Saint-Jean sur la photo de combat. J’ai donné mon appui à des causes humanitaires. Et des rencontres marquantes se sont dessinées au fil du temps: Catherine Leroy, première femme photographe de combat au Vietnam; Christiana Amanpour, chef de bureau pour CNN International.

Je suis également fier que Mouvement Chicoutimi aient choisi l'une de mes photos pour créer un timbre-poste, fier de mes images publiées à plusieurs reprises dans la presse canadienne. C'est avec autant de fierté que de reconnaissance, au centre de la résilience et malgré les détresses et cruautés, que j’ai accueilli aussi 6 médailles décernées pour marquer ma participation aux différents conflits.

Oui, plusieurs mondes, et non un seul, nous entourent. Oui, et à bien des égards, ils sont fulgurants, parsemés d'ombres et de lumières, traversés de tous les éclairs possibles. La photo a toujours été le creuset le plus riche pour contenir toute cette immensité: autour de soi, en soi et entre nous tous.

Marc Bergeron

Photographe

Tél: 418 804-0623 

Réservation nécessaire pour la plupart des activités:   418-884-4081 ou info@pointedesaintvallier.com

Domaine Pointe-de- Saint-Vallier

DOMAINE  
POINTE 
DE SAINT-VALLIER

Le domaine... une pointe,

un fleuve; un manoir, une histoire.

bottom of page